Moscou et Pékin bloquent la résolution sur la Syrie - PAPIER D'ANGLE

S'abonner
La Russie et la Chine ont bloqué samedi l’adoption au Conseil de sécurité des Nations unies de la résolution sur la Syrie en utilisant leur droit de veto. "Le projet de résolution soumis au vote ne reflétait pas correctement la situation actuelle en Syrie et envoyait des signaux déséquilibrés aux parties syriennes", a précisé l'ambassadeur russe à l'ONU Vitali Tchourkine à l’issue du vote.

La Russie et la Chine ont bloqué samedi l’adoption au Conseil de sécurité des Nations unies de la résolution sur la Syrie en utilisant leur droit de veto. "Le projet de résolution soumis au vote ne reflétait pas correctement la situation actuelle en Syrie et envoyait des signaux déséquilibrés aux parties syriennes", a précisé l'ambassadeur russe à l'ONU Vitali Tchourkine à l’issue du vote.

Le diplomate russe a fait remarquer que les coauteurs de la résolution n’avaient pas tenu compte de la formulation proposée par la Russie disant que "l’opposition syrienne devait se distancier des mouvements extrémistes qui commettent des actes de violence".

Les partenaires occidentaux de Vitali Tchourkine ont expliqué qu’ils ne voulaient pas "réécrire" l’initiative de la Ligue arabe, qui constituait la base de ce projet de résolution.

Cependant, devant les journalistes, Vitali Tchourkine a déclaré que l’initiative de la Ligue arabe avait été avancée un mois auparavant, et que la situation avait changé depuis. Par ailleurs, il a réfuté les griefs accusant la Russie d’avoir apporté des amendements au dernier moment.

"Vendredi nous avons averti que nous avions l’intention d’apporter des modifications", a déclaré Vitali Tchourkine.

Dans une interview accordée à la télévision samedi dernier, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a souligné que vendredi il avait envoyé les amendements russes au projet de résolution à la secrétaire d’Etat Hillary Clinton et au représentant permanent de la Russie auprès de l’ONU, afin qu’il les fasse parvenir à ses partenaires. "La rationalité et l’objectivité de ces amendements est indéniable", a déclaré le ministre russe. Par ailleurs, il a fait remarquer que le projet "marocain" proposé au Conseil de sécurité était absolument unilatéral.

"Grosso modo, il reste deux groupes de problèmes. Le premier concerne son caractère unilatéral et le refus d'évaluer objectivement les exactions des groupes armés qui provoquent la violence"  a déclaré Sergueï Lavrov. "Il s’agit des mouvements antigouvernementaux qui intimident les civils, s’efforcent de créer une crise dans le secteur des services, interdisent au personnel des établissements publics de travailler et commettent des vols", a-t-il expliqué. De plus, la résolution exige du régime de retirer immédiatement les unités militaires des petites et grandes villes.
"Cette phrase dissociée de la cessation parallèle des exactions des groupes extrémistes armés est une pure provocation, car aucun président qui se respecte, quel qu’il soit, ne remettra pas sans résister des villes entre les mains des extrémistes armés", a-t-il souligné.

Le second problème, selon Sergueï Lavrov, est l’exigence de la démission du président
Bachar al-Assad.

"Nous avons déclaré à maintes reprises que nous ne défendions pas al-Assad, mais le droit international. La prérogative du Conseil de sécurité des Nations Unies n’implique pas l’ingérence dans les processus intérieurs d’un pays. Le Conseil de sécurité peut soutenir les efforts des parties pour établir un dialogue et le faire sous une forme qui n'en prédéterminera pas les résultats.
C’est un autre moment fondamental, dont je voulais parler. Le second problème nous empêche de voir de manière positive le texte résultant des discussions des projets russe et "marocain", a expliqué le ministre russe.

De son côté, la Chine a rejoint la position de la Russie au Conseil de sécurité des Nations Unies.

"La Chine soutien les amendements proposées par la Fédération de Russie", a déclaré pendant la réunion du Conseil de sécurité le chef de la délégation chinoise Li Baodong.

De la même manière que Vitali Tchourkine, Li Baodong a déclaré que la Russie et la Chine avaient dû voter contre la résolution, mais qu'elles comptaient sur la poursuite des efforts de la communauté internationale pour faire cesser la violence et sortir la Syrie de la crise.

La Russie et la Chine utilisent pour la seconde fois leur droit de veto en tant que membres permanents du Conseil de sécurité pour bloquer une résolution sur la Syrie, où les affrontements entre les autorités et l’opposition se poursuivent depuis mars 2011. Selon l’ONU, plus de 5.000 personnes ont déjà été tuées.

Le projet de résolution actuel a été rédigé le 2 février, après une semaine de discussions actives, par 17 Etats, dont certains ne font pas partie du Conseil de sécurité.

Moscou et Pékin craignent la répétition en Syrie du scénario libyen, où l’opposition a réussi à renverser le régime de Mouammar Kadhafi grâce au soutien des forces de l’Otan avec l'aval du Conseil de sécurité, mais la situation reste toujours instable.

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a exprimé son "profond regret" concernant l'échec de l'adoption de la résolution sur la Syrie au Conseil de sécurité.

"C’est une grande déception pour le peuple syrien et le Moyen-Orient, ainsi que pour tous ceux qui défendent la démocratie et les droits de l’homme. Cela affaiblit le rôle des Nations Unies et de la communauté internationale à un moment où les autorités syriennes doivent entendre une voix unie les appelant à cesser immédiatement cette violence contre le peuple syrien", a-t-il ajouté, cité par son porte-parole.

Les partenaires occidentaux de Moscou et de Pékin ont exprimé leur indignation concernant l’issue du vote, même si elle n’était pas une surprise pour eux.

"Depuis que les mêmes pays ont bloqué une autre résolution sur la Syrie, 3.000 civils ont été tués, et 250 personnes sont mortes hier", a déclaré l’ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU Susan Rice.

Auparavant, samedi, l’agence Reuters a rapporté en se référant à l’Observatoire syrien des droits de l'Homme basé à Londres que l’armée syrienne avait attaqué la ville de Homs, où 217 personnes ont été victimes d’un tir d’artillerie. Cependant, les autorités syriennes ont nié leur implication dans ces événements.

Comme l’a déclaré aux journalistes à Munich Serguei Lavrov, avec Mikhaïl Fradkov, chef des services de renseignement extérieurs, ils se rendront le 7 février en Syrie afin de rencontrer le président Bachar al-Assad.

En répondant aux questions concernant ce voyage, Vitali Tchourkine a exprimé la certitude qu'il pourrait contribuer au "règlement politique de la crise en Syrie".

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала