Les Kouriles et les relations russo-japonaises (FICHE TECHNIQUE)

© RIA Novosti . Sergei Krivosheev  / Accéder à la base multimédiaLes Kouriles du Sud
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Le 24 avril 2012 entre en vigueur le régime sans visas entre les Kouriles du Sud et le Japon. L'absence de traité de paix incluant le règlement du litige frontalier est une particularité des relations entre la Russie et le Japon.

Le 24 avril 2012 entre en vigueur le régime sans visas entre les Kouriles du Sud et le Japon.

 L'absence de traité de paix incluant le règlement du litige frontalier est une particularité des relations entre la Russie et le Japon. Le principal obstacle à une entente est constitué par les revendications territoriales infondées sur les îles Kouriles du Sud (Itouroup, Kounachir, et les Petites Kouriles) formulées par Tokyo.

Les îles Kouriles sont une chaîne d'îles volcaniques entre la péninsule du Kamtchatka et l'île d'Hokkaido (Japon), qui séparent la mer d'Okhotsk de l'océan Pacifique.

Les Kouriles sont deux chaînes d'îles parallèles – les Petites Kouriles et les Grandes Kouriles. Les premières informations sur les îles Kouriles ont été rapportées par l'explorateur russe Vladimir Atlassov à la fin du XVIIème siècle.

En 1749, la majeure partie des Kouriles a été dessinée sur la "Carte générale de l'Empire russe" dans l'Atlas de l'Académie.

Dans les années 70 du XVIIIe siècle sur les Kouriles existaient des colonies russes permanentes placées sous le commandement du commerçant d'Irkoutsk (ville russe en Sibérie) Vassili Zvezdotchetov. Sur la carte de 1809, les Kouriles et le Kamtchatka faisaient partie de la province d'Irkoutsk. Au XVIIIe siècle, la colonisation pacifique par les Russes de Sakhaline, des Kouriles et du nord-est de Hokkaido était dans l'ensemble terminée.

Parallèlement à la conquête des Kouriles par les Russes, les Japonais progressaient à leur tour dans les Kouriles du Nord. En repoussant l'attaque japonaise, la Russie a construit en 1795 une base militaire sur l'île d'Ouroup.

En 1804, une dualité de pouvoir s'était établie sur les Kouriles: dans les Kouriles du Nord on ressentait une plus forte influence de la Russie, et du Japon sur les Kouriles du Sud. Mais formellement les Kouriles appartenaient intégralement à la Russie.

Le 7 février 1855 a été signé le premier accord russo-japonais – le Traité sur le commerce et les frontières. Des relations pacifiques et amicales entre les deux pays ont été proclamées, on a ouvert trois ports japonais pour les navires russes et tracé la frontière sur les Kouriles du Sud entre les îles d'Ouroup et d'Itouroup.

En 1875, la Russie a signé un accord cédant 18 îles Kouriles au Japon. A son tour, le Japon a reconnu l'île de Sakhaline comme appartenant à part entière à la Russie.

De 1875 jusqu'en 1945 les îles Kouriles étaient contrôlées par le Japon.

Le 11 février 1945, les dirigeants de l'Union soviétique, des Etats-Unis et du Royaume-Uni – Joseph Staline, Franklin Roosevelt et Winston Churchill – ont signé un accord en vertu duquel après la fin de la guerre contre le Japon les Kouriles devaient être rétrocédées à l'URSS.

Le 2 septembre 1945, le Japon a signé les actes de capitulation inconditionnelle, en acceptant les conditions de la déclaration de Potsdam de 1945, qui limitait sa souveraineté aux îles Hokkaido, Honshu, Shikoku et Kyushu, ainsi qu'aux îles plus petites de l'archipel japonais. Les îles Itouroup, Kounachir, Chikotan et Habomai revenaient à l'Union soviétique.

Le 2 février 1946, par décret du Présidium du Soviet suprême (parlement) de l'URSS, les îles Kouriles Itouroup, Kounachir, Chikotan et Habomai ont été annexées à l'URSS.

Le 8 septembre 1951, pendant la conférence internationale à San Francisco le Japon et 48 pays alliés de la Seconde guerre mondiale ont signé un traité de paix, conformément auquel le Japon renonçait à tous ses droits et prétentions sur les îles Kouriles et Sakhaline. La délégation soviétique n'a pas signé ce traité qu'elle a qualifié d'une entente séparée entre les Etats-Unis et le Japon. D'un point de vue juridique, la question de l'appartenance des Kouriles du Sud reste indéterminée. Les Kouriles ont cessé d'appartenir au Japon, mais ne sont pas devenues soviétiques. En profitant de cette faille, le Japon a réclamé à l'URSS en 1955 toutes les îles Kouriles et la partie sud de Sakhaline. Après deux ans de négociations entre l'URSS et le Japon, les positions des parties se sont rapprochées: le Japon a limité ses revendications aux îles Habomai, Chikotan, Kounachir et Itouroup.

Le 19 octobre 1956 à Moscou a été signée la Déclaration commune soviéto-japonaise mettant fin à l'état de guerre entre les deux pays et rétablissant les relations diplomatiques et consulaires. Dans cette déclaration Moscou acceptait de céder au Japon après la signature d'un traité de paix les îles Habomai et Chikotan.

Après la signature en 1960 du traité russo-japonais de la sécurité, l'URSS a dénoncé les engagements contractés dans la déclaration de 1956. Pendant la guerre froide, Moscou a refusé de reconnaître la réalité du problème territorial entre les deux pays. L'existence du problème a été pour la première fois consacrée dans la déclaration commune de 1991 signée à l'issue de la visite du président de l'URSS à Tokyo.

En 1993, le président russe et le premier ministre japonais ont signé dans la capitale japonaise la Déclaration de Tokyo sur les relations russo-japonaises entérinant l'accord des parties portant sur la poursuite des négociations afin de signer au plus vite un traité de paix en réglant la question de l'appartenance des îles mentionnées ci-dessus.

Depuis les dernières années, afin d'établir lors des négociations une atmosphère contribuant à la recherche de solutions mutuellement acceptables, les parties accordent beaucoup d'attention à la collaboration pratique entre les deux pays et à la coopération dans la région des îles.

En 1992, grâce à un accord intergouvernemental a été instauré un régime sans visas pour les habitants des Kouriles du Sud russes et du Japon. Les personnes concernées pouvaient voyager avec leur passeport national avec un intercalaire spécial sans visa.

En septembre 1999 a commencé la mise en œuvre des accords sur la procédure simplifiée au maximum de visite des îles pour leurs anciens résidents japonais et les membres de leurs familles.

Les pays coopéraient dans le domaine de la pêche grâce à l'Accord sur la pêche près des Kouriles du Sud signé le 21 février 1998.

Le Japon revendique les îles Kouriles du Sud en se référant au Traité sur le commerce et les frontières de 1855, selon lequel les îles mentionnées étaient reconnues comme japonaises, et insiste également sur le fait que ces territoires ne font pas partie des îles Kouriles auxquelles le Japon a renoncé dans le Traité de San Francisco en 1951.

Le Japon subordonne la signature d'un traité de paix entre les deux pays au règlement du litige territorial.

Moscou considère que la souveraineté de la Russie sur les Kouriles du Sud est basée sur les résultats de la Seconde guerre mondiale consacrés par l'accord de Yalta entre les trois grandes puissances sur les questions de l'Extrême-Orient du 11 février 1945, la déclaration de Potsdam du 26 juillet 1945, le Traité de San Francisco du 8 septembre 1951 et légitimés par l'Article 107 de la Charte des Nations Unies.

En confirmant l'engagement envers les ententes intervenues auparavant sur l'organisation des négociations pour le traité de paix, y compris la question de la démarcation de la frontière, la Russie souligne que le règlement de ce problème doit être mutuellement acceptable, ne doit pas porter préjudice à la souveraineté et aux intérêts nationaux de la Russie et doit être soutenu par les populations et les parlements des deux pays.

Par ailleurs, l'effet de frein empêchant le développement des relations russo-japonaises lié à l'insolvabilité du litige territorial s'est significativement réduit.

Cela s'explique avant tout par le renforcement des positions internationales de la Russie et par la prise de conscience par Tokyo de la nécessité de développer les relations russo-japonaises, y compris la coopération commerciale et économique en raison de la croissance rapide de l'économie russe et de l'attractivité accrue du marché russe pour les investissements.

Le 2 mars 2012, le gouvernement japonais a décidé de ne plus utiliser le terme de "l'occupation illégale" en parlant des quatre îles des Kouriles du Sud qui font l'objet du litige territorial entre la Russie et le Japon. Le statut des îles a été remplacé par "occupées sans raisons juridiques."

La décision de changer de formulation a été prise compte tenu du fait que ce problème doit être réglé en négociant avec le partenaire qu'est la Russie et en prenant en considération tous les aspects des relations avec le partenaire.

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