Le Venezuela dit "oui" au socialisme de Chavez (SYNTHESE)

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Les habitants du Venezuela ont fait leur choix. Ils ont élu hier l'homme qui tiendra dans ses mains le sort du pays pour les six prochaines années. Non sans problèmes et avec un moindre succès que les scrutins précédents, la victoire revient finalement au président actuel Hugo Chavez.

Les habitants du Venezuela ont fait leur choix. Ils ont élu hier l'homme qui tiendra dans ses mains le sort du pays pour les six prochaines années. Non sans problèmes et avec un moindre succès que les scrutins précédents, la victoire revient finalement au président actuel Hugo Chavez. C'est lui qui dirigera le pays de 2013 à 2019 en appliquant sa politique du "mouvement bolivarien vers la révolution".

Le vainqueur

Après dépouillement de 90% des bulletins, Hugo Chavez est crédité de 54,42% des voix.

Immédiatement après l'annonce des résultats préliminaires de la présidentielle, des milliers de Vénézuéliens vêtus de rouge - en signe de soutien à Chavez - sont descendus dans les rues du pays. Ils dansaient, s'amusaient, et le son des feux d'artifice résonnait partout. Les habitants lançaient eux-mêmes des fusées et faisaient exploser des pétards.

Chavez est né dans la famille nombreuse d'un instituteur, il était un enfant intelligent, vif, et rêvait de devenir joueur de baseball professionnel. Cependant, Chavez intègre l'école militaire après sa première scolarité et entame alors son initiation à l'activité révolutionnaire. Les élèves créent l'organisation Komakate et Chavez, qui se distinguait déjà par son érudition et une large connaissance sociopolitique, est immédiatement devenu le leader de l'organisation.

Plus tard, Komakate s'est transformée en Mouvement bolivarien révolutionnaire.

L'homme politique Chavez naît avec l'action militaire du 4 février 1992. Ce jour-là, les colonnes militaires qu'il commande sortent dans les rues de Caracas pour renverser le président Carlos Andrés Pérez, enlisé dans la corruption. A 40 ans, le lieutenant-colonel Chavez comptait alors créer une junte militaire avec des hommes non entachés par la corruption et voulait former une Assemblée constituante pour élaborer une nouvelle Constitution. Cependant, le gouvernement a réussi à stopper sa tentative de coup d'Etat.

Chavez est jeté en prison, puis sera amnistié en 1994. Il se plonge dans la politique dès sa sortie et prône la "révolution pacifique". Il renonce à la lutte armée et adopte des méthodes non violentes, légales et parlementaires pour arriver à ses fins.

Chavez participe une nouvelle fois à la campagne présidentielle de 1998 sur le thème de la lutte contre la corruption - cette fois avec succès. Le 6 décembre 1998, il remporte la victoire avec 56,5% des voix.

En 1999, une nouvelle Constitution est adoptée au Venezuela : le mandat présidentiel passe de 5 à 6 ans et le président obtient le droit d'être réélu pour un second mandat. Le 30 juillet 2000, Hugo Chavez remporte la nouvelle élection avec 60% des voix.

Sentant le soutien de la majorité des Vénézuéliens - principalement des couches populaires - Chavez s'associe ouvertement avec Cuba et ne cache plus son orientation de gauche.

L'activité de son gouvernement s'est effectivement orientée, ces dernières années, vers la nationalisation de divers secteurs industriels - dont ceux du pétrole et de l'or. Beaucoup d'anciens propriétaires ont fait appel à la cour internationale d'arbitrage et au total, le Venezuela a été impliqué dans près de 20 procès liés à ces nationalisations. Les litiges les plus importants ont concerné les projets de gisements de pétrole lourd dans le bassin d'Orénoque - avec les compagnies Exxon et ConocoPhillips.

De plus, Chavez menaçait de nationaliser les banques et les entreprises privées si leur soutien aux actions de l'opposition, pour la déstabilisation de la situation dans le pays, était avéré.

Il brandissait la même menace en cas de refus de financer les petites entreprises agricoles.

Par ailleurs, les autorités allouent énormément d'argent à divers projets sociaux tels que la construction de maisons dans le cadre du programme "Grande mission logement".

L'une des idées maîtresses de Chavez vise à assurer l'unité des nations latino-américaines. Chavez critique les Etats-Unis et les pays de l'Occident, considérant les USA comme la concentration du mal planétaire.

Cependant, la critique de Washington s'entrecroise avec ses déclarations positives concernant les présidents américains, notamment Barack Obama.

Le perdant

Capriles, âgé de 40 ans, a pour sa part obtenu 44,97% des voix et a immédiatement reconnu sa défaite, tout en félicitant Chavez. Ce dernier a remercié Capriles et l'opposition pour avoir reconnu le choix du peuple. Quelques semaines plus tôt, tout était différent dans les relations entre les deux hommes politiques : Chavez avait même comparé Capriles à un porc.

Selon les observateurs, hormis les Vénézuéliens, presque tous les expatriés du pays ont donné leur voix à Capriles. A quelques jours de la Présidentielle, beaucoup d'entre eux sont spécialement revenus dans le pays afin de lui donner leur voix.

Début 2012, Capriles avait remporté les primaires de l'opposition.

Avocat et économiste de profession, son père est d'origine juive sépharade de l'île de Curaçao.

Sa mère a des racines russes et polonaises et est venue au Venezuela pendant la Seconde guerre mondiale. Sa famille travaille dans les médias, l'industrie du divertissement et l'immobilier.

Capriles prônait des réformes libérales, la libéralisation économique et la protection de la propriété privée. Pour l'instant, on ignore ce que Capriles a l'intention de faire après sa défaite.

Le facteur médical

En été 2011, une tumeur est diagnostiquée chez Chavez : il subit plusieurs opérations et traitements à Cuba et au Venezuela. Il a récemment reconnu qu'après la découverte de cette tumeur, il était prêt à abandonner la grande politique.

Aujourd'hui, il dit se sentir très bien et remplir parfaitement les fonctions présidentielles.

En apparence, Chavez paraît en forme mais les observateurs font remarquer que son état de santé pourrait, d'une manière ou d'une autre, influer sur la politique du Venezuela dans les prochaines années.

La "lutte" et le "combat" font partie du vocabulaire préféré de Chavez - ce qui s'applique tout aussi bien à son état de santé. Il n'est donc pas étonnant que Chavez parle de sa volonté de continuer à lutter contre la maladie si elle se manifestait.

Un leader extravagant

Le comportement de Chavez a souvent surpris sur la scène internationale.

Ses antiaméricanisme et anti-impérialisme sont depuis longtemps devenus deux axiomes de sa politique.

Par exemple, il a mâché en public des feuilles de coca avec le président bolivien Evo Morales, pour marquer son soutien à l'idée de son homologue : légaliser cette plante. Il s'est aussi rendu au sommet des Amériques à Mar del Plata (Argentine) avec une pelle, afin d'"enterrer" une bonne fois pour toute la Zone de libre-échange des Amériques.

Le vecteur russe

Enfin, Chavez a depuis longtemps adopté une solide position d'amitié avec la Russie.

Ces dernières années, Caracas est devenu l'un des principaux partenaires stratégiques de Moscou sur le continent latino-américain, qu'il s'agisse de la coopération militaire et technique, de l'exploitation des champs pétroliers Junin-6 et Junin-3 de la ceinture d'Orénoque, ou encore de la réalisation de divers projets de logement. La reconnaissance de l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie par le Venezuela et le Nicaragua est également une pierre angulaire des relations entre les deux pays.

Il est tout à fait possible qu'en cas de victoire de Capriles, les relations avec la Russie auraient changé et certains projets, comme l'achat d'armement russe par le Venezuela, auraient même pu être arrêtés. En ce sens, la victoire de Chavez et la poursuite de sa politique étrangère semblent préférables pour un développement fructueux de la coopération entre les deux pays.

 

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