Six degrés de connectivité

© Photo Mikhail Kharlamov/ Marie Claire RussiaSvetlana Koltchik
Svetlana Koltchik - Sputnik Afrique
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Les rares fois où j’ajoute de nouvelles photos ou je mets à jour mon statut sur Facebook, le seul réseau social que j’utilise, je reçois presque toujours des commentaires de gens que je ne connais pas.

Les rares fois où j’ajoute de nouvelles photos ou que je mets à jour mon statut sur Facebook, le seul réseau social que j’utilise, je reçois presque toujours des commentaires de gens que je ne connais pas. Je dois avoir à peu près de mille "amis" sur Facebook de partout dans le monde mais, pour être tout à fait honnête, je n’en connais pas la moitié. Ou du moins je ne les connais pas personnellement, peut-être seulement par d’autres personnes, amis d’amis d’amis.

Il y a eu beaucoup de discussions ces derniers temps sur la manière dont les réseaux sociaux et la technologie moderne en général modifient la façon dont nous communiquons. La perception commune c’est qu’elles limitent le contact personnel, isolant les gens les uns des autres et stimulant un constant besoin d’attention virtuelle. Il y a aussi un débat autour la " surcharge d’amis " que de nombreux utilisateurs de réseaux sociaux, les Facebookers en premier lieu, expérimentent en recevant de nombreuses demandes d’amitié venant d’étrangers. Je partage ces opinions mais seulement en partie. La vérité est, que ces mille amis Facebook me donnent un inexplicable sentiment de confort.

Certes, il y a une dose de narcissisme en cela. Je sais aussi que la plupart ne sont pas des amis qui seront là au milieu de la nuit si j’ai des ennuis. En réalité, il est possible que je ne rencontre jamais en personne ces copains virtuels. Peut-être quelques-uns n’existent même pas. Mais, même ainsi, l’un de nos besoins existentiels les plus élémentaires est d’une certaine façon d’être connecté avec les autres êtres humains. Et je crois que Facebook et les autres réseaux sociaux parviennent à nous donner ce sentiment d’être tous connectés par des liens invisibles mais importants. Ils dépolarisent le monde, effaçant, au moins virtuellement, toutes sortes de distances entre les gens : physiques, sociales, de classe, de race, d’âge, de culture, etc.

J’ai d’ailleurs quelques célébrités sur ma liste d’amis, mais pour moi ils sont juste des camarades Facebookers. Je ne sais à quelle fréquence Lady Gaga et le Président russe vérifient leur compte Facebook et si c’est réellement Medvedev qui twit sur les victoires et défaites sportives de la Russie mais, d’une certaine manière, cela donne le sentiment que nous sommes tous à peu près sur la même page. Je veux dire, sur la même page Facebook.

Avez-vous jamais entendu parler de la théorie des six degrés de séparation ? Cette notion presque centenaire suggère si on choisi au hasard deux individus sur Terre, fussent-ils la Reine d’Angleterre ou un vendeur ambulant des rues de Manilles, ils seront reliés par une chaine d’au plus six autres personnes. (Il y a aussi un groupe sur Facebook "Six Degrés de Séparation". Son but est de tester cette hypothèse en suivant les méthodes de liaison du réseau, mais de nombreuses études sociologiques et statistiques ont de toute façon prouvé sa véracité). Avec près de 700 millions de membres Facebook et un nombre global de comptes de réseaux sociaux dépassant déjà la population mondiale totale (près de 10 milliards selon les données des analystes de marché de l’année dernière), je commence aussi à sérieusement croire en cette théorie.

Mais que décidons-nous de faire de notre inter-connectivité croissante ? Continuer à nous vanter de nos voyages somptueux, rédiger des mises à jour de statuts sans intérêt, flirter et collecter des nouvelles connaissances virtuelles principalement pour des raisons de gratification personnelle ? Rien de mal dans tout ce qui précède mais les médias sociaux pourraient également servir d’outil global beaucoup plus puissant. Ils sont devenus indispensables durant les dernières protestations des pays arabes. Les jeunes activistes ont utilisé Twitter, Facebook et d’autres sites du genre pour appeler à l’action, pour faire des plans de manifestations réelles et pour fournir des nouvelles non censurées. Plus important encore, les réseaux sociaux offrent d’immenses opportunités pour sensibiliser et responsabiliser les gens.

"Dernièrement je n’ai utilisé Facebook que pour appeler à l’aide lors de collectes de fonds", dit Olga Pavlova, rédactrice du magazine Forbes Woman qui dirige plusieurs projets caritatifs sur une base régulière. "La révolution en Egypte a commencé via Facebook ; pourquoi ne peut-on pas utiliser cette ressource pour s’impliquer à aider les autres ? "

Une autre amie, Alexandra Olsufieva, une fille extrêmement intelligente et enthousiaste, parlant couramment cinq langues, a récemment quitté son boulot dans un cabinet d’avocats international pour se consacrer à la collecte de fonds à plein temps. Elle a fondé Coolcoz, une communauté philanthropique en ligne qui organise des événements caritatifs à travers le monde. Selon Olsufieva, c’est encore et en premier lieu les événements de la " vrai vie " qui nous motivent à faire quelque chose par nos interactions virtuelles. "Juste demander aux gens de cliquer et de soutenir une cause ou cliquer et donner un peu d’argent ne donnera jamais à une personne la même expérience que d’assister à un événement en particulier et, disons, de cuisiner et ensuite partager un gâteau au chocolat à cette occasion pour une bonne cause", dit elle.

"Mais les réseaux sociaux sont géniaux pour donner plus de visibilité et de publicité à chaque acte de bonté et par conséquent pour encourager plus de gens à s’impliquer", dit Olsufieva. D’ailleurs, l’un de ses projets-clefs, "Dinners with a cause" (des diners de charité maison partout dans le monde et dont l’argent collecté est versé à une association caritative ou à une cause particulière) s’est fait connaître en Europe notamment grâce à sa présence sur Facebook. Olsufieva pense que le chemin à suivre c’est de s’en tenir à de plus petits groupes et communautés en lignes unis par une idée ou un message dans lequel ils croient vraiment.

Le monde est en effet en train de rétrécir à grande vitesse et il n’y a pas de retour en arrière. Pourquoi ne pas en faire quelque chose qui ait vraiment du sens ? Nous n’avons jamais eu autant d’opportunités de faire la différence.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction.

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