Les monstres aux yeux verts (de la jalousie)

© Photo Mikhail Kharlamov/ Marie Claire RussiaSvetlana Koltchik
Svetlana Koltchik - Sputnik Afrique
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"Elle a posté de nouvelles photos en ligne et il a immédiatement mis " j’aime " sur elles, t’imagines ?" La voix de mon amie tremblait. Elle parlait d’un récent échange Facebook entre son mari et une ancienne petite amie, qui l’a anéantie.

"Elle a posté de nouvelles photos en ligne et il a immédiatement mis " j’aime " sur elles, t’imagines ?" La voix de mon amie tremblait. Elle parlait d’un récent échange Facebook entre son mari et une ancienne petite amie, qui l’a anéantie.


"Je me sens mal à l’aise à vérifier sa page Facebook, mais je ne peux pas m’en empêcher, et ils discutent presque tous les jours", dit mon amie presqu’en pleurant, comme si bavarder sur un réseau social signifiait, en fait, tromper.


Mais est-ce vraiment le cas ? Ou bien, mon amie et les nombreux autres, qui ne peuvent s’empêcher de fouiner les pages de leur partenaires sur les réseaux sociaux, ne sont-ils pas en train de souffrir d’une nouvelle forme de névrose, la Rage de Facebook ? Le terme, récemment inventé par des sociologues, implique la traque compulsive de l’activité en ligne de sa moitié, à la recherche d’indices prouvant son infidélité.


"Est-ce que Facebook fait ressortir le monstre aux yeux verts de la jalousie ?" était le titre d’une étude réalisée il y a quelque temps par un groupe de chercheurs spécialisés dans la sexualité humaine à l’Université de Guelph, en Ontario, au Canada. Les scientifiques ont décidé d’explorer la façon dont les réseaux sociaux nourrissent l’insécurité et la méfiance dans les relations amoureuses. Ils ont utilisé un groupe test d’étudiants de l’université qui n’étaient pas célibataires.


Or, les chercheurs ont réalisé qu’il était avéré que Facebook et les autres réseaux sociaux nourrissaient la jalousie et d’autres traits et instincts négatifs. Les personnalités non-jalouses peuvent progressivement le devenir et les individus peu confiants en eux peuvent en effet, se transformer en monstres de contrôle paranoïaques. Il suffit de découvrir un intérêt amoureux dans des activités en ligne aussi suspectes que poster des commentaires dragueurs ou être taggué/identifié dans des photographies équivoques. Et puisque, selon les conclusions de l’étude, la majorité des utilisateurs Facebook ont tendance à ajouter des anciennes relations amoureuses à leurs contacts, les médias sociaux pourraient créer de la jalousie, même dans des relations dans lesquelles il n’y avait jamais de tels problèmes. Le format bref et cryptique, donc intriguant des commentaires, ainsi que l’accessibilité de l’information sur tous peut transformer des gens par ailleurs confiants et stables en détectives maniaques pour qui le " myespionnage" (espionner l’activité MySpace d’un partenaire) et le " facespionnage " deviennent une routine quotidienne.


Curieusement, les femmes sont un groupe plus vulnérable à cette mode. Tout d’abord pour commencer, elles ont tendance à être plus naturellement enclines à la jalousie et ensuite, les études montrent qu’elles consacrent plus de temps à Facebook et autre médias sociaux que les hommes.


" Il a encore ajouté une blonde sexy à sa liste d’amis ! Elle l’a aussi taggué sur ses photos, qui sait s’ils sont juste amis ou s’ils couchent ensemble ?! " Une autre amie s’est plaint l’autre jour de son petit copain par intermittence, un fêtard qui effectivement se la joue avec une longue liste d’amis Facebook, constituée principalement de jeunes nanas très attirantes. Lorsque j’ai suggéré à cette femme par ailleurs très calme et contrôlée, possédant des diplômes universitaires et une carrière impressionnante dans le marketing, d’essayer de s’abstenir d’ouvrir sa page Facebook sur son iPhone au moins une fois par heure, elle dit qu’elle ne peut " tout simplement pas s’en empêcher". "Je le fais instinctivement, sur pilote automatique, et je suis sûre qu’il me contrôle en ligne aussi", dit elle.


Une autre amie m’a raconté comment un type n’arrête pas de l’inviter à sortir alors que son statut Facebook indiquait "dans une relation". Et encore un autre ami m’a avoué à quel point il était mal à l’aise que son ex-femme continue à tagguer des photos de lui, de quand ils étaient ensemble, certaines assez frivoles, qu’elle met sur Facebook. "Nous ne sommes plus en contact donc je ne peux pas lui dire quoi faire mais cela me frustre parce que je ne veux pas que ma petite amie voit cela", dit-il. Enfin, l’un de mes collègues, qui restait loin de tout réseau social, m’a confié vouloir s’inscrire à vkontakte.ru, la version russe de Facebook, juste pour pouvoir de vérifier ce que sa femme y faisait.


Il me semble qu’en s’engageant dans l’ère de l’information et en saisissant toutes les immenses opportunités qu’elle offre, nous risquons de mettre en jeu nos vies privées. En outre, avec l’exposition croissante et une accessibilité 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, combien de territoire privé reste-t-il vraiment ? Et si nous décidons de transférer autant de morceaux de notre vie privée dans le domaine public ne devrions-nous pas être à la fois plus responsables et peut être plus confiants les uns envers les autres?


En fait, certains couples que je connais se sont récemment mis d’accord pour éliminer tout contenu de réseau social qui puisse potentiellement provoquer la jalousie. D’autres ont décidé de supprimer leur profil Facebook complètement. Dans le cas de mon amie, ce n’est pas possible, elle a besoin de ce support pour le travail. Mais elle dit qu’elle pense parler à son mari si le flirt sur Facebook de ce dernier continue à l’ennuyer.


 "Je ne contrôlerai jamais son téléphone ou son email. C’est sa vie privée et pour moi c’est sacré", dit mon amie. "Je serai beaucoup plus heureuse si simplement je ne savais pas. Mais avec les réseaux sociaux c’est juste impossible, la curiosité prend le dessus", dit elle.


C’est particulièrement vrai pour Facebook qui, contrairement à d’autres sites similaires nécessitant un mot de passe, permet de surveiller les activités des autres membres sans être détecté. "Facebook est un forum qui peut offrir aux individus plus d’informations sur leur partenaires qu’ils n’en auraient autrement", observe dans une interview la psychologue Amy Muise qui a mené l’étude sur le "monstre aux yeux verts".


Pour être honnête, c’est un soulagement que mon partenaire n’utilise pas du tout Facebook. Comme dit un vieux proverbe russe, moins tu en sais, mieux tu dors.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction.

 

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